“La première fois que j’ai vu Alextase, c’était en 1985. J’avais 7 ans et je commençais la batterie. Mon père, pour m’encourager, m’avait offert une vidéo pédagogique d’un batteur français qu’apparemment, de Véronique Sanson à Glenn Medeiros, tout le monde s’arrachait. C’était Alextase. En me tendant la cassette, mon père eut ses mots qui resteraient gravés à tout jamais: “ce mec, il joue d’enfer!”. Fébrilement, j’ai inséré la VHS dans mon magnétoscope, et dès les premières notes j’ai su.
Son son, sa frappe, mais aussi sa moustache, son perfecto en cuir et son jean moulant: il allait devenir mon héros! 4 ans plus tard, alors que je travaillais toujours frénétiquement sur ses méthodes pédagogiques (“Du groove, du groove, du groove!”, “Comment bien jouer africain”, “Le Rock, c’est dans les tripes”...), quelle ne fut pas ma surprise quand je le vis à la télé accompagnant François Feldman… A LA BASSE !
J’ai dû convaincre mes parents de m’en acheter une pour suivre les pas de mon idole, qui, 2 ans plus tard, jouait dans le Big Band de Claude Bolling… A LA TROMPETTE ! Ni une ni deux, j’investissais mes petites économies dans une trompette d’occasion et commençais à travailler d’arrache pied, jusqu’à ce que je constate qu’Alextase jouait maintenant à Cuba avec un grand chanteur de salsa… AU PIANO ! Pas le temps d’en acheter un que je tombais sur un vinyle pirate de musique traditionnelle chinoise où Alextase apparaissait… AU GUZHENG !
Quelques jours après, je le voyais dans un extrait d’émission de télévision américaine, promouvoir son dernier album de chanteur Country; puis tombait chez un ami sur la partition d’une messe polyphonique du XVè siècle composée par Alextase; ou encore assistait médusé à une représentation d’un petit orchestre mécanique dont tous les musiciens étaient à l’effigie d’Alextase; voyait tout un tas de petits Alextase(s) chanter au spectacle de fin d’année de ma fille; chanteur de zouk-Alextase; percussion corporel-Alexta; sympho-Alex; ro-al…
Bref, si la musique avait un prénom, ce serait Alextase.
photo - Loic Nys / Gwenael Moreau